Nous vivons dans un monde où pour exister, il faut être reconnu, et pour cela il faut être beau, sain, compétitif, séducteur, performant.
Alors, comment font les AUTRES ?
En essai de réponse à cette question, le Théâtre Atelier Bûle propose dans son nouveau spectacle l’adaptation d’une nouvelle écrite en 1835 par Nicolaï GOGOL : "Le journal d’un fou".
"Le journal d’un fou" est l’histoire de Poprichtchine, un petit fonctionnaire de la Russie tsariste qui, selon son chef de bureau, a du brouillamini dans la cervelle.
Méprisé par son entourage, il rêve, de gloire, d’amour.
Il se confie à son journal et se construit un monde peuplé de nez où les chiens parlent et s’écrivent. Il perd pied peu à peu et bascule dans un autre univers.
Absolument contemporaine, cette nouvelle retrace l'articulation des mécanismes humains face aux structures sociales, la transformation et la dépossession du «moi». Poprichtchine, petit fonctionnaire russe, ne peut atteindre son rêve, alors s’opère en lui un changement radical qui le mène à l’aliénation et à l’enfermement
Dans "Le Journal d'un fou", la description du délire rejoint le problème crucial de toute la littérature de Gogol: celui du diable; mais la vraie nature du diable se révèle ici: il s'appelle humiliation, envie ; il est tout ce qui écrase le petit fonctionnaire bafoué qui n'a jamais pris la parole, à qui personne ne demande rien, et qui ne trouve de remède à son mal que dans l'orgueil de la démence. Cette nouvelle commencée drôlement s'achève sur une tirade exceptionnelle d'intensité dramatique.
Nicolaï Gogol (1809- 1852) est un romancier , dramaturge et poète russe d’origine ukrainienne connu essentiellement pour un roman, " Les Ames mortes", pour une pièce de théâtre satirique, "Le Revizor", et pour plusieurs recueils de nouvelles dont les plus célèbres sont "Le Nez", "Le Manteau", "Tarass Boulba", "le journal d’un fou".
Gogol a eu une grande influence dans la littérature russe du XIXème siècle, par exemple sur Fiodor Dostoïevsky et son aura s’est accrue au XXème siècle.
Mikhaïl Boulgakov s’en inspira pour son chef d’œuvre : "Le Maître et Marguerite".
"Le Portrait", "La Perspective Nevski" et "Le Journal d'un fou" débutent sur le mode réaliste, mais bientôt leurs héros sombrent dans la démence ; le rêve devient cauchemar, le tragique s'insinue dans le ridicule.
Le lecteur hésite entre le rire et la pitié tant les éléments de folie se combinent avec la vérité psychologique.
Dans la nuit du 11 au 12 février 1852, Gogol brûle une dernière fois le manuscrit de la deuxième partie des "Âmes mortes", dans son appartement du boulevard Nikitsky.
Au matin, il accuse le diable de l'avoir trompé. Il se laisse ensuite mourir, refusant nourriture et soins.
Finalement livré aux mains de médecins, ceux-ci lui infligent des traitements d'une violence inouïe (bains froids, saignées, cataplasmes et sangsues). Gogol décède le 21 février 1852.
D'abord enterré au monastère Saint-Daniel, sa dépouille est transférée en 1931 au cimetière de Novodevitchi de Moscou.
Une foule considérable accompagne son corps, cependant que le régime tsariste, ne lui pardonnant pas sa vision sarcastique de la société russe, arrête la publication de ses œuvres et interdit jusqu'à la mention de son nom.